Un hackaton au Musée des beaux-arts
Plan culturel numérique, musée participatif, nouveaux publics, médiation culturelle, démocratisation des beaux-arts… Voici les termes qui nourrissent les débats actuels sur l’avenir de nos institutions culturelles. MuseomixMtl enrichit davantage le lexique avec les mots : hackaton, co-création, mais aussi imprimante 3D, oculus Rift 1, Google cardboard, kinects, LEAP motion et autres bébelles extraordinaires que je ne saurais nommer. Mais pour MuseomixMtl il ne suffit pas d’en parler, il faut passer à l’action. Et c’est exactement ce qu’ils ont fait ce week-end au Musée des beaux-arts de Montréal.
Museomix est un marathon créatif de 3 jours au terme duquel les participants doivent créer un prototype de médiation numérique fonctionnel et prêt à être testé par le public. Ils étaient donc 72 créatifs aux profils variés à se présenter à l’accueil du pavillon de l’éducation du Musée des beaux-arts de Montréal à 8 h vendredi matin. Parmi les museomixeurs, on distinguait les catégories suivantes : graphisme, code et développement web, fabrication, expertise de contenu, médiation culturelle et communication. À cette cohorte, se sont ajoutés les profils « improbables » réunissant des personnes d’affaires, des professionnels en droit et en travail communautaire, une première pour Museomix global. Parce que notons-le, ce même week-end, 6 autres musées se faisaient aussi hacker simultanément dans différentes villes européennes.
Crédit photo: MuseomixMtl
C’est à la suite d’une activité de brainstorming que les premières idées ont émergé et que les équipes se sont formées. Quelques défis déterminés préalablement ont permis d’orienter la réflexion. Et puis au boulot! Les premiers livrables étaient fixés à 18 h vendredi même. Les facilitateurs, des professionnels soigneusement choisis et assignés à chacune des 12 équipes, avaient pour mission d’encadrer les participants, d’assurer le respect des échéanciers, et de l’implémentation de la plateforme web conçue pour documenter l’avancement des projets, entre autres.
De 8 h à minuit, les sous-sols du musée ont grouillé de créativité! Et enfin, à 14 h 30 dimanche, après plusieurs litres de café et quelques tonnes de bonbons, tous les prototypes étaient fin prêts et installés dans les espaces d’exposition. Et place au public!
Mon coup de cœur? C’est dur à dire… Le SpeedArting, pour provoquer des rencontres autour de l’art? Le WiFi du Piège à fugueur permettant de hacker le visiteur distrait? La vie sociale des œuvres d’art permettant de découvrir les « liaisons dangereuses » fictives entre les œuvres du musée, ArtMazone et sa facture cumulant les frais de droits d’auteurs… Impossible de choisir. Ce que je retiens surtout, c’est le processus de création, l’acharnement de cette centaine de personnes souhaitant secouer et remixer le musée, la collaboration possible et souhaitable entre des individus parfois complètement différents. Un véritable camp créatif pour les grands qui n’a laissé personne indifférent!
Et la bonne nouvelle, c’est que 9 des 12 prototypes sont toujours dans les espaces d’exposition du musée. Une bonne occasion pour aller découvrir ou redécouvrir les collections permanentes museomixées. Vous avez jusqu’à dimanche prochain, alors faites vite!
Frédérique Corson