Pianos publics : à l’année prochaine
Vous avez peut-être déjà entendu la musique d’un piano résonner dans les rues de Montréal. Si ce n’est pas le cas, il vous faudra être patient et attendre l’été prochain ! En effet, avec l’arrivée de l’automne, les 28 pianos qui arpentaient les rues de la ville ont été retirés en ce début de mois de septembre.
Le concept des « pianos publics », aujourd’hui mondialement connu et implanté dans de plus en plus de villes, est né de l’imagination du plasticien Luke Jerram en 2008. Pour la petite histoire, l’idée lui serait venue alors qu’il se trouvait dans une laverie. Après avoir constaté que les personnes s’y croisaient sans se parler, cet artiste britannique a imaginé qu’un instrument de musique pouvait être utilisé comme créateur de liens entre les gens.
C’est ainsi qu’il a lancé l’opération « Play Me, I’m Yours. » Le principe est simple : il consiste en l’installation de pianos customisés dans les espaces publics, mis à disposition des passants, qui sont invités à y pianoter, ou tout simplement à écouter. À Montréal, le Plateau-Mont-Royal est le premier quartier à avoir adopté ce concept, en l’intitulant « Piano des Villes, Pianos des Champs », mais il a rapidement été conquis par d’autres quartiers, tels que Saint-Laurent, Côte-des-Neiges, le Sud-Ouest, Ville-Marie…
Si certains résidents se plaignent du « vacarme musical », comme cela a été le cas dans le quartier Rosemont-La-Petite-Patrie, où les autorités ont été forcées de déplacer le piano au mois d’août dernier, il n’en demeure pas moins que cette opération a rencontré un vif succès auprès des montréalais. Pour Julien Leblond, responsable de la recherche, de l’accord et de la garde des pianos de « Piano des Villes, Piano des Champs », ce projet participe à l’animation des quartiers, et répond au besoin des habitants « de se réapproprier les rues », tout en favorisant « un sentiment d’appartenance dans les arrondissements. » Si ces pianos permettent de créer des liens entre les habitants d’un quartier, ils sont aussi le reflet de la dimension philanthropique de l’opération, puisque ces pianos seront donnés à des organismes de l’arrondissement pendant l’automne.
Dans d’autres coins du monde, l’opération « Play Me, I’m Yours » a généré de formidables histoires : des personnes tombant en amour (et aujourd’hui mariées !) autour d’un piano à Sydney, Londres, ou New York City ; l’utilisation d’un piano comme symbole de la paix ukrainienne à Kiev ; la transformation d’artistes inconnus en véritables stars en Angleterre ; les concerts « surprises » de grands artistes à Paris, ou Santiago de Chile…
En bref, il semble que les répercussions de la concrétisation de cette idée toute simple soient allées bien au-delà de ce qu’imaginait Luke Jerram en 2008, mais pour le meilleur. Alors, pourquoi ne pas tenter l’expérience l’été prochain ?
Alice Chauvelot-Theodorides
crédits photos : Page Facebook des Pianos Publics de Montréal
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